L’Alsace et les prémices de l’illustration jeunesse

Dessin original de la fin du XIXe siècle du Wissembourgeois Charles Émile Matthis pour son projet Les Petits Génies du printemps (détail), Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Dessin original de la fin du XIXe siècle du Wissembourgeois Charles Émile Matthis pour son projet Les Petits Génies du printemps (détail), Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

Si une place centrale de l’histoire de l’illustration jeunesse alsacienne est régulièrement attribuée à Tomi Ungerer et Claude Lapointe, les prémices de cette aventure remontent bien plus loin dans le temps dans une région à la pointe des techniques d’impression et avec un vivier d’illustrateurs actifs auprès des grandes maisons d’édition installées dans la capitale dès le XIXsiècle.

La dimension patrimoniale récente de la littérature jeunesse offre un nouveau champ d’exploration. L’accent de cette mise en lumière porte sur l’illustration et ses créateurs, qu’ils soient imprimeurs-lithographes, éditeurs, illustrateurs, graveurs alors que s’accroît le recours à l’image dans les publications jeunesse après 1800. La limite chronologique de notre propos se situe au moment de la professionnalisation du métier de l’illustration jeunesse avec la création à Strasbourg en 1972 de l’atelier d’illustration par Claude Lapointe. Si le nombre croissant de publications de littérature jeunesse illustrée au fil des siècles empêche raisonnablement de dresser un catalogue exhaustif, nous souhaitons présenter ici un focus sur quelques réalisations emblématiques.
Au XIXsiècle, l’industrialisation fait entrer le livre et l’image dans une nouvelle ère. Plusieurs facteurs socio-économiques favorisent l’émergence de l’illustration jeunesse : des innovations techniques, une baisse des coûts de production des livres, des prix de vente abordables par une plus large population, l’alphabétisation croissante des citoyens. Un marché encore inexploré à destination de la jeunesse s’impose peu à peu sous l’impulsion d’entrepreneurs audacieux et novateurs. L’évolution des techniques d’impression, dont certaines vont être mises au point en Alsace, accompagne ce phénomène.

Parmi les premiers albums parus à Strasbourg : Die Armenlotterie chez Levrault en 1835, Strasbourg, Bibliothèque des Musées.

Parmi les premiers albums parus à Strasbourg : Die Armenlotterie chez Levrault en 1835, Strasbourg, Bibliothèque des Musées. © M. Bertola

L’Alsace, terre d’innovations

La révolution lithographique que nous devons à Aloys Senefelder à la fin du XVIIIsiècle va naturellement très vite se déployer dans la région au siècle suivant. Vers 1820, la famille d’imprimeurs strasbourgeois Levrault s’équipe de presses lithographiques installées par Senefelder lui-même. Cet atelier lance bientôt sa collection de petits albums aux reliures cartonnées ou gaufrées. Quelques années plus tard, Levrault dispose d’un relais à Paris et publie des ouvrages de petit format dont les auteurs sont des pédagogues de renom. Au fil du temps, ces livrets intègrent l’illustration, en frontispice, en couverture, et sont rythmés par des reproductions de plus en plus nombreuses, entre quatre et dix. D’abord en noir et blanc, elles sont peu à peu proposées en couleurs. Dans le Haut-Rhin, le brevet déposé en 1837 par l’imprimeur-lithographe Godefroy Engelmann permettra d’imprimer directement en couleurs. Appelé d’abord lithocolore puis chromolithographie, ce procédé va rapidement bouleverser la production d’ouvrages et d’images en général, et par ricochet celle destinée à la jeunesse. L’imagier Wentzel à Wissembourg recourt à cette technique, alternative aux coloris au pochoir.

Dans la série « Récréation pour la jeunesse », le volume n° 21 Les Jeunes Guerriers de l’atelier lithographique strasbourgeois Fasoli & Ohlmann, paru dans les années 1840, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Dans la série « Récréation pour la jeunesse », le volume n° 21 Les Jeunes Guerriers de l’atelier lithographique strasbourgeois Fasoli & Ohlmann, paru dans les années 1840, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

L’introduction de la couleur

L’imprimeur strasbourgeois Gustave Silbermann, quant à lui, dépose en 1844 le brevet du procédé de chromotypographie qui entérine le début de l’impression de texte en différentes couleurs ; il est en réalité d’emblée imaginé comme une manière de reproduire des images. En 1866, il imprime une édition en deux teintes pour son ami de jeunesse l’éditeur parisien Pierre-Jules Hetzel, Le Royaume des gourmands. Le résultat, présenté comme un subtil dégradé de teintes, constitue une étape intermédiaire avant l’utilisation de la couleur de manière plus systématique. À partir de 1869, Hetzel fait imprimer des ensembles considérables à Strasbourg – près de la moitié des 45 albums Lili – et pérennise le recours à la chromotypographie des fameux albums Stahl et la collection « Chansons et rondes de l’enfance » confiée à l’atelier Fischbach, repreneur de Silbermann après l’annexion de 1871. Dans cette série, 14 titres de huit feuillets recto sont ainsi imprimés avec ce procédé animant notamment les personnages comme le Pierrot dans Au clair de la lune ou encore le Roi Dagobert.

Lithographie aquarellée du Strasbourgeois Émile Lemaître pour Les Phénomènes et les curiosités de la nature de Jean-Baptiste Munerelle, imprimé à Strasbourg chez Derivaux en 1856, Strasbourg, Bibliothèque des Musées.

Lithographie aquarellée du Strasbourgeois Émile Lemaître pour Les Phénomènes et les curiosités de la nature de Jean-Baptiste Munerelle, imprimé à Strasbourg chez Derivaux en 1856, Strasbourg, Bibliothèque des Musées. © M. Bertola

Premiers albums illustrés en Alsace

Si des imprimeurs-éditeurs de la région s’essaient à ce nouveau genre qu’est le répertoire enfantin, c’est en complément de leur activité généraliste, jamais de manière exclusive. Le travail des illustrateurs n’est pas encore mis en avant dans ces productions. L’atelier de Michel-Frédéric Boehm, parmi les premiers à Strasbourg à disposer d’une presse lithographique, publie notamment avant 1835 l’album Avantage de la bonne éducation ou Histoire de deux enfants bien élevés, racontée en lettres, pouvant servir de modèles de lecture, d’écriture et de style épistolaire, agrémenté de huit lithographies en couleurs. Son entreprise est reprise par Charles Fasoli qui s’associe à son beau-frère Ohlmann pour proposer à partir de 1844, en parallèle de leurs productions courantes, des ensembles illustrés destinés à un jeune public. La série de recueils de planches lithographiées en couleurs intitulée « Récréation pour la jeunesse » se compose de plus d’une vingtaine de volumes à visée pédagogique comme Les Saisons et les Éléments ou Les Jeunes Guerriers. Ajoutons la réimpression augmentée de douze lithographies en couleurs de l’album paru précédemment chez Boehm et, dans un autre répertoire, les Fables illustrées destinées aux enfants.

Lithographie de l’album Peau d’Âne proposé par l’imagier wissembourgeois Wentzel en 1872, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Lithographie de l’album Peau d’Âne proposé par l’imagier wissembourgeois Wentzel en 1872, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

Les centres d’imagerie populaire en renfort

Autre atelier lithographique strasbourgeois à l’œuvre, celui de Jean-Jacques Jundt, actif dans le domaine de la jeunesse dans les années 1830-1840. L’ensemble le plus significatif de sa production est l’Album des enfans composé de différens sujets familiers datant de 1833. Soulignons également l’initiative du pédagogue Jean-Baptiste Munerelle et du lithographe strasbourgeois Émile Lemaître, qui publient en 1856 avec le libraire-éditeur Derivaux un étonnant album, Les Phénomènes et les curiosités de la nature, dont les lithographies imprimées par Silbermann à Strasbourg sont aquarellées. Les illustrations sont reprises à l’occasion d’une seconde édition en 1869, et les planches ont circulé en feuilles volantes. L’émergence d’une offre éditoriale spécifiquement destinée à la jeunesse est également nourrie par les centres d’imagerie populaire, en particulier à Wissembourg. Les premières productions dans cette ville remontent à la fin du XVIIIe et au début du XIXsiècle. L’imprimeur Frédéric Bock publie alors, en collaboration avec la maison Böll, l’Alphabet méthodique pour faciliter l’art d’épeller et de lire en françois.
Mais c’est surtout la maison Wentzel qui se lance activement à la conquête d’un nouveau marché de l’image lithographique à visée éducative et pédagogique. Dès le début des années 1840, des ensembles lui sont spécifiquement consacrés, comme l’Album des métiers en 1843, ou l’Album des jeunes demoiselles vers 1850. L’entreprise, qui dispose d’un atelier à Wissembourg, s’adjoint un dépôt-vente à Paris dès les années 1850. À partir de la fin des années 1860, on assiste à une montée en puissance des feuilles volantes.

Dessin original de la fin du XIXe siècle du Wissembourgeois Charles Émile Matthis pour son projet Les Petits Génies du printemps, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Dessin original de la fin du XIXe siècle du Wissembourgeois Charles Émile Matthis pour son projet Les Petits Génies du printemps, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

Contes et classiques adaptés à la jeunesse

Cette période est également celle d’une nouvelle stratégie autour de l’édition de contes illustrés pour les enfants. Des versions en français et en allemand de ces albums circulent sur le marché. Wentzel exploite dans cette collection essentiellement le répertoire des contes popularisés par les frères Grimm, dont les incontournables Chat botté, Cendrillon, Peau d’âne… Ces albums sont décorés d’un plat lithographié, et le texte est enrichi de six à dix lithographies pleine page rehaussées de couleurs au pochoir. Les plats des couvertures étaient proposés en différents coloris – rose, vert d’eau, beige notamment – avec au centre la même illustration reproduite.
La proximité géographique et culturelle avec l’aire germanique a permis un processus d’échanges et de transferts culturels. L’adaptation de certains contes ou classiques de la littérature jeunesse allemande comme les contes de Grimm et le fameux Struwwelpeter du psychiatre Heinrich Hoffmann imaginé en 1845 en témoigne. La maison Wentzel propose son album Pierre l’Ébouriffé et le bon Paul. Histoire morale en douze images destinée à la récréation et à l’instruction de l’enfance en 1868-1869. Wentzel s’inspire de même largement des planches pédagogiques adressées à la jeunesse de l’imprimeur-lithographe Jacob-Ferdinand Schreiber d’Esslingen. Ce type de publications se perpétue au fil de la dynastie Wentzel et de ses successeurs et le marché se développe jusqu’au XXsiècle.

Adaptation de l’emblématique Struwwelpeter à Wissembourg par l’atelier Wentzel en 1869 en douze images parue sous le titre Pierre l’Ébouriffé et le bon Paul. Histoire morale, Strasbourg, Bibliothèque des Musées.

Adaptation de l’emblématique Struwwelpeter à Wissembourg par l’atelier Wentzel en 1869 en douze images parue sous le titre Pierre l’Ébouriffé et le bon Paul. Histoire morale, Strasbourg, Bibliothèque des Musées. © M. Bertola

« Cette période est également celle d’une nouvelle stratégie autour de l’édition de contes illustrés pour les enfants. »

Des Alsaciens sous les toits de Paris

À partir de 1860 s’amorce l’essor de l’album illustré, qui connaît son âge d’or avant la Première Guerre mondiale. De prestigieuses maisons parisiennes – Berger- Levrault, Delarue, Furne, Garnier frères, Hachette, Hennuyer, Hetzel, Jouvet, Martinet ou encore Tolmer – ont su s’entourer de talentueux illustrateurs. Dans leurs rangs, des artistes d’origine alsacienne : Alphonse-Victor Baumann, Gustave Doré, Gustave Jundt, Frédéric Lix, Charles Émile Matthis, Henri Meyer, Théophile Schuler, Telory…
La maison Hetzel occupe une place à part dans la conquête du jeune lectorat. P.-J. Hetzel est probablement le plus alsacien des éditeurs parisiens. Ses attaches alsaciennes, à la fois familiales et amicales, expliquent certainement en partie son recours régulier aux illustrateurs ou graveurs natifs de cette région. Parmi eux, Théophile Schuler et Charles Émile Matthis seront ses plus fidèles collaborateurs avec plus de 20 années d’activité chacun auprès de cette maison.

Les Œuvres de la main, le bien et le mal de Trim, mis en images par le Strasbourgeois Gustave Jundt en 1866, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Les Œuvres de la main, le bien et le mal de Trim, mis en images par le Strasbourgeois Gustave Jundt en 1866, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

Hachette, Martinet, Delarue, Jouvet et Cie…

Les autres maisons d’édition ne sont pas en reste. Les Strasbourgeois Gustave Doré, Gustave Jundt ou Frédéric Lix figurent au catalogue de Hachette. Jundt fera le bonheur des petits lecteurs de certains Albums Trim initiés par l’auteur strasbourgeois Louis Ratisbonne chez Hachette dès 1860. Doré avec les Nouveaux Contes de fées pour les petits enfants de la comtesse de Ségur dans la collection Bibliothèque des chemins de fer en 1857, le Capitaine Castagnette en 1862 et La Légende du Croque-Mitaine en 1863. Lix sera actif dans la catégorie des robinsonnades de la Bibliothèque rose illustrée. La maison Martinet, connue pour ses abécédaires et autres histoires pour la jeunesse, sollicite de nombreuses fois le Strasbourgeois Telory, pseudonyme d’Amand-Louis-Henri Tranche, dit Henri Emy. Il signe notamment Le Trésor des alphabets illustrés vers 1860 et un album d’un genre nouveau, Le Mirliton merveilleux : conte bleu en 1862. Telory travaillera aussi pour Delarue avec des textes illustrés plus classiques pour l’époque. Citons encore Jouvet et Cie, qui confie au crayon du Wissembourgeois Charles Émile Matthis certains titres pour la jeunesse. Celui-ci collabore à la fois comme illustrateur et auteur, par exemple du grand succès Les Deux Gaspards en 1887. Quant à Frédéric Lix, il œuvre entre autres pour Garnier frères, Hachette et Hennuyer.

Le Strasbourgeois Gustave Doré illustre les Nouveaux Contes de fées pour les petits enfants de la comtesse de Ségur paru en 1857, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Le Strasbourgeois Gustave Doré illustre les Nouveaux Contes de fées pour les petits enfants de la comtesse de Ségur paru en 1857, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M.Bertola

Propagande à destination de la jeunesse

Le contexte difficile entre 1870 et 1945, période traversée par trois conflits d’ampleur, va conduire à la production d’un nouveau genre de littérature illustrée exaltant la reconquête et le patriotisme et à la diffusion d’images de propagande à l’intention de la jeunesse. Les maisons d’édition Berger-Levrault et Cie ou Tolmer et Cie soutiennent l’illustrateur Gustave Jundt en 1883 lorsqu’il se lance dans l’écriture et l’illustration d’albums patriotiques à destination de la jeunesse. De même Jouvet & Cie avec Charles Émile Matthis et son Pique-Toto, la paix et la guerre en 1888. Quant au Colmarien Jean-Jacques Waltz, alias Hansi, il trouvera écho auprès de l’éditeur Floury avec ses albums entre les années 1910 et 1930 véhiculant ses aspirations de reconquête de l’Alsace annexée.

Planche à colorier du « Loup devenu berger » par Louis-Joseph Soulas pour l’Imagerie de l’Armée d’Alsace en 1939, Strasbourg, Cabinet des Estampes et des Dessins.

Planche à colorier du « Loup devenu berger » par Louis-Joseph Soulas pour l’Imagerie de l’Armée d’Alsace en 1939, Strasbourg, Cabinet des Estampes et des Dessins. © M. Bertola

Les illustrateurs alscaciens en force

Au XXe siècle, l’édition jeunesse poursuit son essor à Paris, Lyon et Tours avec des illustrateurs d’origine alsacienne. Parmi eux, le Strasbourgeois Henry Morin qui met notamment en images pour Gautier-Languereau les 13 albums de la série « Nane » entre 1924 et 1937. L’illustrateur mulhousien Pierre Probst collabore dès 1941 avec les éditions du Puits-Pelu à Lyon. Hachette publie avec lui sa série à succès des « Caroline » dès 1953. Un autre Strasbourgeois, Raymond de La Nézière, illustre livres et revues destinés aux enfants pour les éditions Hachette, Gautier-Languereau, Henri Laurens, Delagrave à Paris et la maison Alfred Mame et fils à Tours.
En Alsace, l’édition illustrée destinée à la jeunesse se recompose autour de quelques éditeurs. Certains d’entre eux, comme Alsatia ou Istra, poursuivent l’activité de maisons préexistantes. Eugène-Henri Cordier, René Kuder œuvrent pour Alsatia, Pierre Probst, Fernand Schultz-Wettel, Mia et Jean Jacoby pour Istra. En ce début du XXsiècle, les femmes illustratrices participent à l’aventure, entre autres Paula Jordan, Johanna Hipp, Dorette Muller, Jacqueline Verly.

Dessin original du Strasbourgeois Henry Morin pour Germain le Hautain publié par Henri Laurens en 1925, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Dessin original du Strasbourgeois Henry Morin pour Germain le Hautain publié par Henri Laurens en 1925, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

Des circuits éditoriaux diversifés

Les livres à système et animés connaissent un regain d’intérêt et de vitalité. L’éditeur mulhousien Lucos en devient l’un des principaux représentants en France. Son activité éditoriale débute dans les années 1930 avec des albums publiés en versions française et allemande. Et c’est après la guerre que Lucos se spécialise dans les livres à système, en particulier les pop-up, allant de l’abécédaire aux contes, en passant par des saynètes de la vie quotidienne. Dès le milieu du XXsiècle, les illustrateurs alsaciens s’appuient sur une internationalisation des circuits éditoriaux. Le jeune Tomi Ungerer publie ses premiers albums jeunesse chez l’éditeur new-yorkais Harper & Brothers. Son contemporain Philippe Fix qui a créé pour Hachette le personnage de Chouchou, star du magazine Salut les copains, grand succès auprès de la jeunesse, sera gratifié d’une reconnaissance internationale pour ses albums Séraphin. Tout comme Claude Lapointe, récemment décédé, qui fera entrer en définitive l’illustration jeunesse dans une nouvelle ère avec la création en 1972 de l’atelier d’illustration à l’École des arts décoratifs de Strasbourg, l’actuelle Haute École des arts du Rhin (HEAR). Une exposition aux Musées de Strasbourg, élaborée conjointement par la Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel et le abinet des Estampes et des Dessins, relate cette aventure.

Dessin original datant des années 1950 de la Mulhousienne Jacqueline Verly pour les Malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel.

Dessin original datant des années 1950 de la Mulhousienne Jacqueline Verly pour les Malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur, Strasbourg, Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel. © M. Bertola

« Enfantillages. L’Alsace et les prémices de l’illustration jeunesse (XIXe-XXe siècles) », jusqu’au 17 février 2025, Palais Rohan, Galerie Heitz, 2, place du Château, 67000 Strasbourg. Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 13h et de 14h à 18h en semaine, de 10h à 18h le week-end. Tél. : 03 68 98 50 00, site Internet : musees.strasbourg.eu

Catalogue : 256 pages, 35 €.