Donation Liliane et Jean-Pierre Léveilley : l’amour de la collection, le devoir de la transmission

Né à Alger en 1936, Jean-Pierre Léveilley est issu d’une famille bordelaise de fabricants et vendeurs de meubles. Son oncle, mécène et amateur, l’initie très tôt à l’art de la collection.

Contraint de quitter l’Algérie en 1965, il s’installe à Angers où il ouvre un magasin d’antiquités, « Au coin du feu », situé au 39-41 de la rue Toussaint. Il entre alors en contact avec de grandes familles angevines dont il gagne la confiance. Parallèlement à son activité professionnelle, il enrichit sa propre collection personnelle, véritable cabinet de curiosité, éclectique et foisonnant, abritant tout aussi bien tableaux, sculptures, objets d’art et meubles que pièces archéologiques, ethnographiques et extra-européennes ou spécimens naturels. Son goût le porte tour à tour vers le caractère insolite, la qualité esthétique ou l’intérêt local des objets. « Tout m’intéresse, confie-t-il lors d’un entretien réalisé en 2023, peu importe la valeur marchande de l’objet ».

Tablette, Drehem, Irak (ancienne Puzriš- Dagan, Mésopotamie), époque d’Ur III, année 3 ou 4 du règne de Shu-Sin (2037-2029 avant J.-C.). Argile. Photo service de presse © Musées d’Angers, D. Riou

Son intérêt s’est ainsi porté sur une tablette mésopotamienne en argile du règne de Shu-Sin (2037-2029 avant notre ère), un serviteur funéraire égyptien de Horoudja (664-332 avant notre ère), une amphore de Campanie attribuée au Peintre d’Ixion (330-310 avant notre ère), une balance romaine en bronze et fer des I^er-III^e siècles, une lettre de refondation et d’indulgence de la confrérie Saint-René de la cathédrale d’Angers datée de 1509 ou encore une gouache sur papier de Charles Tranchand représentant la place de la Laiterie à Angers vers 1940.

François de Rohan (1479-1536), lettre de refondation et d’indulgences de la confrérie Saint-René de la cathédrale d’Angers, 1509. Parchemin. Photo service de presse © Musées d’Angers, D. Riou

« J’ai toujours eu l’idée de transmettre, confie Jean-Pierre Léveilley. Je savais dès le début qu’il y aurait une donation car c’est pour moi un devoir de transmettre ». Orchestrée l’année dernière, cette donation est importante à la fois par son ampleur et par sa qualité. La sélection des biens s’est effectuée de manière concertée avec les responsables scientifiques des collections gérées par la ville. Elle a été guidée par plusieurs critères, notamment la provenance des pièces et leur complémentarité avec les collections existantes au musée des Beaux-Arts, au musée Pincé, au muséum des Sciences naturelles et à la bibliothèque municipale. « Je sais à présent que ma collection est protégée, qu’elle ne sera pas dispersée », se félicite le passionné.

Amphore-situle, Italie du Sud, Campanie (Capoue), attribuée au Peintre d’Ixion, 330-310 av. J.-C. Terre cuite. Photo service de presse © Musées d’Angers, D. Riou

Jusqu’au 5 janvier prochain, il est possible de découvrir un bel aperçu de cette collection au musée Pincé et au musée des Beaux-Arts. Au premier, les œuvres et objets antiques et extra-européens, en adéquation avec l’identité de l’établissement et l’histoire des collections et du collectionnisme ; au second, dans le cabinet d’arts graphiques, l’iconographie angevine, les objets d’art et ceux ayant trait à l’histoire de l’Anjou.